La boulangerie Antonio Pichette a ouvert ses portes le 1er mars 1948.  Elle était auparavant la propriété de Louis Bertrand, boulanger venant de Montréal, qui lui avait acheté de M. Giroux qui avait acheté de M. Adrien Charbonneau. ¹

 Au tout début, la livraison du pain se faisait en voiture tirée par un cheval.  Un livreur de l’époque, Ivanhoe Dupuis raconte:  « Lorsque j’oubliais d’attacher mon cheval, je devais revenir à pied à la boulangerie, car la jument revenait seule de la 8e avenue à l’écurie.«   La jument Nelly était utilisée pour la voiture de livraison tandis que le cheval Bébé était utilisé pour la carriole de promenade.

Carriole de promenade. Antonio possédait une voiture plus spacieuse pour les livraisons.
Antonio devant la nouvelle boulangerie

Dans les années 50, les deux chevaux ont été remplacés par trois camions dont un était conduit par Marcel, le fils d’Antonio Pichette et un autre par Jacques Quintal.

Antonio avait également deux filles, Suzanne et Nicole, qui servaient les clients.  Son épouse Denise  faisait les tartes durant la journée.  Dans les années 60, le vendredi soir, le commerce était très achalandé avec les touristes de différentes nationalités qui arrivaient pour la fin de semaine.  De plus, le dimanche après toutes les messes, il y avait une longue filée à l’extérieur pour venir chercher le pain chaud ainsi que les pâtisseries.

Antonio au comptoir
Maison et boulangerie

 Antonio faisait le pain dans un four en brique la nuit.  Dans les années ’60, ce four a été remplacé par un four rotatif qui faisait damner les boulangers, car il était mal installé et la fournée était souvent perdue.  L’été, la propriété était entretenue par une dizaine d’étudiants du village.  Tout était toujours impeccable.

À cette époque, la boulangerie proposait une grande variété de produits: du pain, des fèves au lard et des desserts dont plusieurs sortes de tartes et de beignets. Les plus populaires étaient la tarte au sucre, les beignes au miel, les brioches aux raisins, les carrés aux dattes et les petits pains à salade. Les pains se vendaient entre 12¢ et 15¢. À ce prix, on pouvait se procurer un pain jack, un pain sandwich, un chinois (miche) ou un talon (pain fesse). Aujourd'hui, tous ces pains se vendent entre 5 et 6 dollars. La boulangerie a été vendue en 1971 et Antonio a pris une retraite bien méritée.

¹ Pour en connaître davantage sur les boulangeries de Rawdon, voir page 86 du livre de Gérard Brady/Mon village.