À l’aube des célébrations de l’arrivée de la famille de John Parkinson au Canada et à Rawdon, cet article rappelle les évènements qui ont conduit la famille de John Parkinson à émigrer au Canada, le long périple qui l’a menée à Rawdon, leur vie à Rawdon et l’héritage qu’ils ont légué. Il se base sur le matériel publié dans le livre UP TO RAWDON et le contenu additionnel disponible gratuitement sur le site web https://uptorawdon.com/. © Copyright Daniel B. Parkinson, Mai 2024
Une famille immigrante
Les premiers membres de la famille Parkinson à immigrer à Rawdon y ont été guidé par John Parkinson. Né le 29 mai 1768 à Ellerton-on-Swale, un village agricole situé dans le nord du comté de Yorkshire, en Angleterre, John déménagera vers l’âge de vingt ans dans la région de Ryedale plus près de la mer du Nord. Il se marie en 1797 à Kirkbymoorside avec Elizabeth Chapman, née en 1773. Ils vécurent d’abord à Kirby Mills près de la famille d’Elizabeth. Leurs premiers enfants y verront le jour. Accompagnés de ces enfants, Ralph né le 22 juillet 1798 et Mary née le 27 mars 1801, ils s’installeront par la suite à Brawby et y travailleront comme ouvriers agricoles. Y naitront trois autres fils, George né le 25 décembre 1807, John, le 10 novembre 1810 et Daniel en juin 1819. John père savait lire et écrire. Ses enfants l’apprendront également car il y avait une école à Brawby. Ils jouiront ainsi d’un avantage sur plusieurs autres immigrants.
Pourquoi ont-ils quitté l’Angleterre?
Région de fermes fertiles et prospères, Brawby est habitée depuis de nombreuses générations. Pourquoi les Parkinson, et d’autres habitants de l’Est du Yorkshire, ont-ils quitté Brawby à cette époque et choisi d’émigrer au Canada ? L’ère post-napoléonienne en Angleterre fut marquée par une période de dépression économique, de mauvaises récoltes, une inflation croissante et un taux de chômage élevé parmi les soldats revenant des guerres. John voulait de meilleures perspectives pour ses fils. Les familles étaient encouragées à émigrer. Elles apprenaient par les journaux que des programmes gouvernementaux offraient des terres gratuites au Canada. Il est aussi possible que le fait que Mary, mère célibataire après avoir donné naissance à un fils, Robert Parkinson, à Brawby en octobre 1823, ait influencé la décision de la famille de quitter sa communauté.
Les Parkinson sont partis de leur propre initiative et n’ont pas été parrainés par une société foncière, comme cela s’est produit fréquemment dans le Haut-Canada. Ils avaient appris que John et ses trois fils aînés pouvaient chacun bénéficier de cent acres de terres vierges s’ils défrichaient le lot qui leur avait été attribué, construisaient une maison et des dépendances appropriées sur chacun d’entre eux, ouvraient des chemins devant leur propriété, cultivaient le sol et payaient les frais administratifs annuels (ce qui n’était pas facile pour des colons sans revenu).
Comment se sont-ils rendus à Rawdon ?
Tout porte à croire que les Parkinson sont partis pour le Canada le 1er mai 1824 sur le bateau Diana depuis Whitby, Yorkshire, un port de navigation sur la côte de la mer du Nord, à vingt-cinq milles au nord-est de leur village de Brawby. Après cinquante-trois jours en mer, l’arrivée du Diana a été enregistrée au port de Québec le 22 juin 1824 avec un chargement de marchandises et seize colons. Nul doute que ce retour sur la terre ferme s’est avéré un grand soulagement pour la famille. La liste des passagers en date du 30 juin 1824 du bateau à vapeur Québec nous apprend que « John Parkison [sic] & épouse & six enfants, trois de plus de 12 ans & trois de moins de 12 ans » ont fait le voyage entre Québec et Montréal à un coût de 3 shillings et 5 pence. Ralph et Mary étaient en fait de jeunes adultes ; George était un jeune homme de 17 ans et il semble que John, âgé de 14 ans, ait été considéré comme un enfant de moins de 12 ans, tout comme son frère Daniel, âgé de cinq ans. L’autre enfant était le nourrisson Robert Parkinson, baptisé au nom de Mary Parkinson à Brawby en octobre 1823 (nous ne savons pas ce qu’il est devenu). Sur la liste des passagers du Québec ce jour-là figurait également un couple avec cinq enfants ; l’une de leurs filles avait un lien avec la famille Thomas Pearson, les voisins des Parkinson à Rawdon, qu’ils connaissaient peut-être depuis le Yorkshire.
À Montréal avant d’arriver à Rawdon
Mary restera à Montréal et épousera, en 1828, John Tate de Wigginton dans le Yorkshire. Éminents hommes d’affaires montréalais, les frères de ce dernier ont obtenu des contrats de défense du gouvernement et possèdent une ligne de bateaux à vapeur entre Québec et Montréal, des cales sèches et des chantiers navals. John et Mary Tate exploiteront, par la suite, une ferme dans le canton de St-Malachie (Ormstown), au Québec, tout comme ses frères.
John Parkinson et ses fils, après un bref séjour à Montréal, obtiendront leurs permis d’occupation : John senior en mars 1826, Ralph et George en juillet 1826 et John junior, à l’âge de 18 ans, en 1828. Ils se seraient établis sur leurs terres en 1825. Ils possédaient 400 acres de terres de la Couronne. Les lettres patentes (actes de propriété) ont été délivrées une fois les obligations de colonisation accomplies en 1833. John et ses fils étaient installés côte à côte sur le 9e rang : John sénior au lot 21 nord, Ralph au lot 21 sud, John junior au lot 22 nord et George au lot 20 nord. Le recensement de Rawdon de 1831 place Ralph avec sa femme et sa fille aux côtés de John et Elizabeth et de leurs autres fils, tous au lot 22.
Morts subites
Une tragédie a frappé cette famille de Rawdon le 9 juillet 1834. On rapporte qu’Elizabeth Chapman Parkinson et son fils John se tenaient devant la porte de leur demeure lorsque la foudre a frappé la cheminée et est sortie par la porte ouverte. Le pasteur écrivit dans le registre des sépultures de l’église Christ Church : « tous deux appelés à l’Éternité en un clin d’œil par un choc électrique ». Les décès ont été rapportés de façon erronée dans The Vindicator and Canadian Advertiser du 15 juillet 1834, comme étant le décès de la mère et du fils Atkinson [sic] à Rawdon. Ils ont été enterrés à la ferme Parkinson. Elizabeth avait 61 ans et s’occupait de son mari et de ses trois fils qui travaillaient, le plus jeune n’ayant que 15 ans. On peut imaginer le choc et l’horreur du père face à la perte de sa courageuse et travaillante femme depuis près de quarante ans.
Participation à la communauté
Paroissien actif, John est élu au Conseil paroissial de l’Église d’Angleterre et d’Irlande et y préside en 1834. À cette époque, le Conseil paroissial a entrepris la construction d’une nouvelle église et d’un presbytère. Élu, le Conseil paroissial assumait la responsabilité devant les fidèles, le pasteur et l’évêque. C’était à la fois un devoir et un honneur. Le dimanche 25 juin 1839, George Copping avait noté dans son journal qu’il n’y avait pas de pasteur présent (à l’église) et que M. Parkinson avait prêché.
La fin de sa vie
John Parkinson a quitté Rawdon avant le recensement de 1851, probablement pour aller vivre sur la ferme de son gendre John Tate à Ormstown (canton de St-Malachie). John Parkinson senior meurt et est enterré le 18 mars 1853 dans le cimetière de l’église écossaise St-Paul (aujourd’hui l’église unie), à Ormstown, où une pierre tombale à son nom se trouverait contre le mur de l’église. Il avait 85 ans et avait passé près de 29 ans au Canada.
L’héritage de Ralph, fils de John
Peu après s’être installés à Rawdon, Ralph Parkinson et d’autres colons signent une pétition, le 1er octobre 1828, implorant que les droits de patentes (les frais annuels que les colons paient à la Couronne pour le maintien de leurs concessions) ne soient pas augmentés. En 1832, Ralph signa une autre pétition indiquant qu’il avait reçu de son père une contribution significative pour les améliorations apportées à son lot et demandant que les lettres patentes soient émises au nom de John senior. Ralph avait épousé Margaret Gracy en 1830 et était déménagé pour s’installer près de la famille Gracy sur le lot 26 du neuvième rang, un emplacement connu aujourd’hui comme le chemin Parkinson.
Après le décès de Margaret, il a épousé Esther Scroggie en 1846. Ils ont eu huit enfants qui se sont établis au Michigan, au New Hampshire, en Colombie-Britannique et dans les Cantons de l’Est. Certains enfants sont restés à Rawdon et Ralph a des descendants qui y vivent notamment Brent Evans Parkinson et Merle E. Parkinson Campbell, leur mère Lillian Evans (Mme Clifford Parkinson) ainsi que Dudley Parkinson qui a été pendant des années un homme d’affaires de Rawdon et qui réside actuellement à Ste-Julienne.
Ralph Parkinson est décédé le 7 avril 1866 et Esther Scroggie le 17 mai 1889. Ils sont enterrés dans le cimetière de l’église Christ Church, à Rawdon, avec une pierre commémorative indiquant leurs origines à Brawby dans le Yorkshire et dans le comté de Down en Irlande.
L’héritage de George, fils de John
George Parkinson est né le 25 décembre 1807 à Brawby, Yorkshire, Angleterre. Il a été baptisé le 30 décembre 1807 à l’église paroissiale St. John of Beverly, à Salton. Il épousa Susanna Brown le 17 avril 1838 à l’église Christ Church de Rawdon. Elle était née le 8 septembre 1815 dans le comté d’Antrim, en Irlande du Nord. Elle était la fille des colons Robert Brown et Margaret McMullen qui se sont installés en 1824-1825 sur les moitiés nord des lots 25, 26, 27, 28 du septième rang. George acheta une ferme et déménagea au sud sur le lot 21 du 8e rang sur le chemin du lac Morgan, afin d’être proche des écoles pour ses enfants. George et Susan ont eu onze enfants. À l’exception du plus jeune fils, Daniel, qui déménagea à Waterville dans le comté de Compton, tous restèrent à Rawdon. Son petit-fils Daniel Parkinson de Toronto est membre de La Société d’histoire de Rawdon.
Robert Parkinson et Albert Parkinson de Rawdon sont trois fois arrière-petits-fils de George Parkinson, tout comme Dudley Parkinson de Ste-Julienne (également un descendant de Ralph). Les quatre fois arrière-petits-fils sont Allan Edgar Parkinson, qui a toujours vécu à Rawdon, et son frère jumeau, Arthur John Parkinson, qui vit à Montréal, mais passe les fins de semaine à Rawdon. Stephen James Parkinson, leur frère aîné, est revenu de l’Ontario pour vivre à Rawdon. Leur sœur Laura Eudora Parkinson réside à Montréal et amène leur mère Alice Neville Parkinson (Mme James Parkinson) à Rawdon pour les réunions de famille.
George Parkinson est décédé le 11 septembre 1891 et Susanna le 4 décembre 1898. Ils sont enterrés dans le cimetière de l’église unie de Rawdon, là où se dresse une grande pierre tombale commémorative.
L’héritage de son fils Daniel
Daniel Parkinson est né en juin 1819 à Brawby, Yorkshire, alors que son père avait 51 ans et sa mère 46. Daniel a épousé Caroline Kite le 5 mai 1842 à l’église Christ Church de Rawdon. Elle était née dans le Wiltshire, en Angleterre, au début de l’année 1821, l’année où son père John Kyte/Kite est arrivé à Rawdon. Daniel a acheté une ferme près de sa sœur et son mari et a déménagé sa femme et sa famille à Ormstown en 1852 avant la mort de son père. Quatre filles sont nées à Rawdon et deux autres, ainsi qu’un fils, à Ormstown. Il y a des descendants de leur fille aînée et de leur fils unique au Québec et en Ontario, mais aucun ne porte le nom de famille Parkinson.
Caroline Kite Parkinson meurt à Ormstown le 16 mars 1891 et sept semaines plus tard, Daniel décède le 5 juin. Ils sont enterrés au cimetière anglican St James, à Ormstown.
D’autres immigrants de la première heure
Les premiers colons de Rawdon, arrivés après l’ouverture du canton en 1820, venaient d’Angleterre, d’Irlande et d’Écosse et quelques-uns d’Amérique. Ces familles ont des liens par le mariage avec les Parkinson. Leurs histoires sont racontées dans le livre UP TO RAWDON : la famille Brown est arrivée en 1824 et les Burns en 1820. Les Copping arrivèrent au Canada en 1812 et à Rawdon en 1822, les Holiday au Canada en 1820 et à Rawdon en 1823 et les Holtby au Canada en 1821 et à Rawdon en 1823. Les Irwin arrivèrent en 1823, les Kirkwood en 1820, les Kite en 1821, les Marlin et Law en 1823, les Scroggie en 1823-1824, les Gracey en 1827-1828 et les Rourke en 1826. Suivirent un peu plus tard les Blagrave 1841, les Boyce 1831, les Sharp 1832-1835 de même que les Smith qui arrivèrent au Canada vers 1828 et à Rawdon en 1832. Ils font partie des liens tissés entre les Parkinson et le canton de Rawdon et les familles britanniques et américaines qui se sont installées et ont exploité des fermes dans ce que l’on appelait autrefois les « terres incultes de la Couronne ».