Thème n° 6 de l’exposition « La présence irlandaise à Rawdon d’hier à aujourd’hui », tenue au Centre d’interprétation multiethnique de Rawdon, les samedis et dimanches, de 14 h à 16 h, du 2 au 30 mars 2025 (à l’exception du 22).
Les premières années
On attribue la fondation de la paroisse catholique de Rawdon aux Irlandais car ils sont les premiers à l’avoir demandée.
Des membres de la communauté irlandaise recommanderont, en 1831, la construction d’une chapelle à l’emplacement du cimetière actuel. Il faut attendre 1834 avant qu’une première messe n’y soit célébrée.
Auparavant, des évènements catholiques ont été enregistrés à Saint-Jacques. Le cimetière de Rawdon a été béni par le père Roderick Ryder en juin 1836. Il était le prêtre responsable de la mission de Rawdon et vicaire de Saint-Jacques-de-l’Achigan et, de par son nom, on présume qu’il était irlandais.
En mars 1837, le père Dennis McReavy ouvre son registre de Saint-Patrick de Rawdon. Il est né en Irlande et a été ordonné à Montréal en 1835. En 1836, il est nommé prêtre à Rawdon et y demeure jusqu’au début de 1841.
Les noms des premiers marguilliers (John Carroll, Luc Dupuis et Luke Daly) reflètent l’union des catholiques irlandais et canadiens-français.
C’est aux Irlandais et Irlandaises que l’on doit la fondation de la paroisse catholique de Rawdon.
Dans les années 1820, les Irlandais catholiques se réunissent et pratiquent dans certaines maisons, notamment chez John Carroll dans le 7e rang. Des prêtres missionnaires de la paroisse voisine de Saint-Jacques se partagent la tâche.
Les Irlandais sont les premiers à demander l’érection d’une paroisse catholique. Thomas Lane et son épouse Margaret Wood sont des pionniers, à cet égard, au sein de la communauté irlandaise catholique du canton. Né à Dublin, Thomas Lane apprend plusieurs langues et reçoit une éducation supérieure en Irlande, avant d’immigrer et de s’installer à Rawdon en 1824, sur le lot 25 du rang 3.
En 1831, l’évêque de Montréal, Mgr Jean-Jacques Lartigue demande au curé de Saint-Esprit, Charles-François Caron, de voir aux besoins des catholiques de Rawdon. Son rapport, signé par les Irlandais catholiques Thomas Lane et John Daly, recommande la construction d’une chapelle de 50 pieds sur 30 pieds sur le lot 17 du 5e rang.
Il faut attendre au 21 septembre 1834 avant qu’une première messe ne soit célébrée dans la chapelle, située à l’emplacement du cimetière actuel, sur le Chemin du Lac Morgan. Un journal montréalais de l’époque rapporte que 600 personnes s’étaient réunies pour l’occasion et qu’un orchestre amateur avait même joué la pièce St. Patrick’s Day in the Morning.
L’union des catholiques irlandais et canadiens-français est perceptible dans le nom même des premiers marguilliers élus à la fabrique : John Carroll, Luc Dupuis et Luke Daly.
Les premiers évènements
Les premiers évènements seront consignés dans les registres paroissiaux à compter de 1837 : le premier baptême, la première inhumation et un premier mariage, celui des Irlandais John Doherty et Catherine Tansey.
Au fil du temps, la chapelle, devenue trop petite, a été remplacée par une église en 1880, qui a été à nouveau remplacée en 1956.
L’année 1837 est celle des grandes premières, même si des célébrations avaient eu lieu auparavant. C’est en 1837 que l’on consigne, dans les registres paroissiaux, les premiers grands évènements. Le premier baptême, celui de Thomas Boilen, est inscrit le 26 mars. Une première inhumation, celle de Eléza Moore, fille de William Moore et Catherine Pratt, est enregistrée le 31 mars. Une semaine plus tard, c’est le mariage des Irlandais John Doherty et Catherine Tansey qui est consigné pour la première fois.
En 1844, Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, nomme un premier curé résident à Rawdon, M. Joseph-Amable Flavien Cholette.
Au fil du temps, d’autres églises et presbytères plus spacieux remplaceront ceux devenus désuets ou trop petits. Le nom de la paroisse évoluera aussi. Jusqu’en 1845, la paroisse portera successivement trois noms, selon les vœux de l’évêque de Montréal : elle est tour à tour désignée comme la paroisse Saint-Philippe en 1831, la paroisse Saint-Grégoire en 1832 et la paroisse de l’Immaculée-Conception en 1838.
C’est en 1845 que l’on reconnaît l’apport vital des Irlandais de Rawdon en la désignant du nom du saint patron de l’Irlande : elle devient la paroisse Saint-Patrick. Les descendants irlandais, dont Anastasia Quinn, épouse du député Firmin Dugas, sont des paroissiens dévoués.
Le nom de la paroisse
La paroisse portera trois noms différents jusqu’à ce qu’elle devienne, en 1845, la paroisse Saint-Patrick, le saint patron de l’Irlande.
En 1956, à la consécration de l’église actuelle, le nom de la paroisse devient Marie-Reine-du-Monde et Saint-Patrick.
Le nom demeure pendant plus d’un siècle, soit jusqu’à la consécration de l’église actuelle, en 1956. L’histoire des catholiques irlandais et canadiens-français est alors réunie sous le vocable de la paroisse Marie-Reine-du-Monde-de-Rawdon et Saint-Patrick.
De nos jours, la messe dominicale en anglais, les cérémonies bilingues à Noël ou à Pâques, ainsi que la présence de descendants irlandais sur le Conseil de la Fabrique montrent l’empreinte durable des Irlandais dans la vie de la paroisse.
L'empreinte irlandaise
De nos jours, Rawdon porte l’empreinte irlandaise.
Des descendants d’Irlandais collaborent au Conseil de la Fabrique; dans le chœur de l’église, on peut observer la sculpture de Saint-Patrick créée par Armand Filion, professeur à l’École des Beaux-Arts de Montréal, bénissant le peuple d’Irlande et rappelant l’ascendance des paroissiens d’origine irlandaise; sur la façade, on trouve le vitrail de Saint-Patrick et les armoiries à l’entrée de l’église.