Thème n° 1 de l’exposition « La présence irlandaise à Rawdon d’hier à aujourd’hui », tenue au Centre d’interprétation multiethnique de Rawdon, les samedis et dimanches, de 14 h à 16 h, du 2 au 30 mars 2025 (à l’exception du 22).

Le canton de Rawdon a été nommé en l’honneur d’un Irlandais protestant et lieutenant de l’armée britannique, Lord Francis Rawdon, marquis de Hastings et comte de Moira. Le canton a été officiellement créé le 13 juillet 1799 par le gouvernement colonial du Bas-Canada.

Lord Francis Rawdon Hastings - Source : Royal Collection Trust, Royaume-Uni

Lord Francis Rawdon, marquis de Hastings et Earl de Moira, est né à Dublin, le 7 décembre 1754. Irlandais protestant, Lord Rawdon est fait lieutenant de l’armée britannique et il combat les Américains durant la Guerre d’indépendance des États-Unis (1775-1783). Il regagne la Grande-Bretagne en 1781, sans avoir mis les pieds au Bas-Canada. Ses faits d’armes lui valent cependant un bel honneur en 1799 : le nouveau canton de Rawdon portera son nom.

Conditions de propriété

Pour devenir propriétaire d’une terre dans le canton de Rawdon, un colon devait d’abord obtenir un billet de location, défricher une parcelle de quatre acres sur son lot et y construire une maison.

En 1763, la cession de la Nouvelle-France à l’Angleterre change le mode de concession des terres : au régime seigneurial s’ajoute celui, britannique, des cantons. Après l’Acte constitutionnel de 1791, les terres de la Couronne sont concédées sous forme de propriété privée. Tout colon obtenant d’abord un billet de location doit défricher une parcelle de quatre acres par lot et construire une maison. Ces conditions respectées, le nouvel occupant peut envisager devenir propriétaire de sa terre, par l’émission de lettres patentes du gouvernement.

Installation des colons

Les colons, principalement des Irlandais protestants et catholiques, ont commencé à s’installer durablement dans le canton de Rawdon à partir de 1820.

Le canton de Rawdon est créé officiellement le 13 juillet 1799 par le gouvernement colonial du Bas-Canada. C’est le neuvième canton du Bas-Canada, mais seulement le troisième institué au nord du fleuve Saint-Laurent, après ceux de Stoneham (1792) et de Huddersfield (1793).

Au Québec, l’histoire des immigrants irlandais est souvent liée à celle de la Grande Famine de la pomme de terre (1845-1852). Cette tragédie force plus d’un million d’Irlandais à l’exil, dont plusieurs centaines de milliers passent par la station de quarantaine de Grosse-Île, et ensuite par Québec, Montréal et Ottawa.

Les rangs 1 et 2 sont les premiers à être habités. Les billets de location sont octroyés majoritairement à des Irlandais protestants et catholiques. Ces familles pionnières arrivent à Rawdon dans l’espoir de se bâtir un meilleur avenir. En pratique, la fondation de Rawdon revient donc aux Irlandais qui défrichent le canton à force de persévérance, de sueur et de travail.

Billet de location de George Parkinson - Source: Bibliothèque et Archives Canadas
Diagramme Canton de Rawdon bureau arpenteur general 1804

La colonisation de Rawdon par des Irlandais protestants et catholiques apporte un nouvel éclairage sur l’immigration irlandaise au Québec. Elle montre une facette différente mais tout aussi importante : celle d’une immigration volontaire, qui précède celle de la Grande Famine d’Irlande.

D’autres personnes obtiendront aussi des lots dans le canton. Des loyalistes et des familles de militaires britanniques sont d’ailleurs les premiers à recevoir des terres à Rawdon dès 1799, mais ils ne s’y installeront pas. Il faut aussi noter le cas singulier de Philemon Dugas, d’origine acadienne, mais protestant né aux États-Unis, qui a construit un moulin à scie dans le rang 1 du canton avant 1820.

Carte du Canton de Rawdon (1821) / arpenteur Joseph Bouchette fils

Les terres nouvellement défrichées le sont aussi par des autochtones qui font aussi partie du mouvement migratoire au début du 19e siècle. Si la région fut parcourue pendant des siècles par les nations nomades algonquiennes, à qui l’on doit notamment les noms connus de Matawinie, Lacquarreau (devenu Ouareau) ou Achigan, il y a quelques familles malécites, venus du Nouveau-Brunswick qui immigrent dans le canton, aux côtés des Irlandais. L’histoire de la famille malécite de Michel Nicolas, installée à Rawdon dès les années 1830, en témoigne.