Les premières écoles de Rawdon
Contrairement aux autres municipalités des environs, l’histoire des premières écoles de Rawdon ne gravite pas seulement autour d’une seule religion et d’une seule langue, mais plutôt sur la diversité d’origine du petit nombre des familles installées dans le Canton de Rawdon au début des années 1800. Les premières familles étaient composées d’Américains, d’Irlandais, d’Anglais, d’Écossais, de Canadiens-français, soit de religion catholique ou protestante. Il en a résulté la présence d’écoles mixtes dispersées sur le vaste territoire du Canton de Rawdon. Puisqu’à cette époque les routes étaient peu carrossables ou tout simplement inexistantes, cela rendait impossible de regrouper les enfants à la même école. L’instruction des enfants se faisait soit par les parents, soit dans des classes improvisées dans des maisons privées afin d’y accueillir les quelques enfants du voisinage et cela avec des ressources financières limitées, une faible rémunération des maîtres et avec peu de matériel scolaire. À cette époque, une petite localité agricole comme le Township de Rawdon peinait donc à offrir une instruction de qualité.
Mise en contexte
Si on veut parler de l’implantation des premières écoles à Rawdon, on doit aussi se rappeler que Rawdon a été érigé en Township (Canton) en 1799 et qu’on se retrouvait alors sous le régime anglais qui avait créé, dès 1801, la loi de l’Institution Royale. Avec l’Acte pour l’établissement d’écoles libres et l’avancement de l’instruction, le gouvernement anglais encourageait l’éducation pour tous les enfants (anglais, français, protestants, catholiques) âgés de 7 à 14 ans.
Même si on sait qu’au recensement de 1825, on comptait seulement 9 familles francophones sur le territoire de Rawdon, ce serait en vertu d’une seconde législation « Écoles de Fabrique » permettant aux catholiques francophones d’établir des écoles et d’obtenir des subventions gouvernementales que la première école francophone a ouvert ses portes en 1838. Ce fut à la grande satisfaction du clergé qui redoutait le double danger de l’anglicisation totale et la perte de la foi catholique pour les enfants qui fréquentaient alors les lieux d’enseignement anglais protestant. Est-ce utile de rappeler qu’à cette époque, la participation du clergé en éducation, tout comme c’était la règle sous le régime français, a permis un essor important dans le monde de l’éducation partout au Québec?
Ce n’est qu’après l’Acte d’Union de 1840 que la responsabilité des écoles a été confiée à des commissaires et avec l’implantation d’un système de taxation. Ce sera suivi en 1863, par la création de deux secteurs distincts en éducation : catholique et protestant. En ces débuts de colonisation, les défis à surmonter étaient nombreux pour les commissaires pour ne nommer que les difficultés à recruter des enseignants qualifiés engendrées par la situation politique au début du 19e siècle et l’absentéisme des élèves. Pour les colons canadiens-français peu fortunés et dont les conditions de vie rendaient nécessaires l’aide des enfants sur la ferme, il était plus important de tenir une hache que de tenir un livre! Besoin de bras pour les travaux de la terre et l’agriculture.
Écoles catholiques et protestantes
Il est difficile d’élaborer davantage sur les premiers lieux d’enseignement puisque tous les documents et procès-verbaux de l’organisation scolaire de la School Commissioners of the Parish of St -Patrick of Rawdon ont disparu dans l’incendie de la maison du secrétaire-trésorier en octobre 1891. On sait tout de même que cette période en fut une de progrès et d’augmentation rapide de la population.
Le premier lieu d’enseignement recensé dans le Canton fut une salle de classe qu’il est plausible de situer dans la maison de Philémon Dugas (un Acadien américain) située dans le 1er rang. Cette classe accueillait de 12 à 14 élèves de la région. Pour la plupart réfugiés après la guerre de 1812, ils s’étaient installés à la limite est des premiers rangs.
Le premier établissement scolaire, une combinaison d’école et d’église, a été construit à la jonction des rivières Rouge et Blanche dans le deuxième rang. Le missionnaire Burton y accueillait une trentaine d’enfants en 1826. M. James Walker en a été le premier instituteur. On l’appelait l’école des Fourches (the Forks). Cette école a été utilisée jusqu’en 1880, date à laquelle elle a été vendue à un fermier. Dans le livre « Up to Rawdon » de Daniel Parkinson, on y retrouve une description intéressante et détaillée de ce lieu d’enseignement et de culte.
De plus, dans le livre Sous le clocher de Saint-Liguori, Jean Gagnon écrit à la page 124 : En 1858, avec l’annexion d’une partie du Township de Rawdon à St-Liguori … une école se reconnaissait comme une école française par rapport à une autre qui s’était bâtie en même temps à un endroit dit Les Fourches et qui se reconnaissait comme étant l’école anglaise au coin du chemin Labrèche et du chemin Nadeau. »
Marcel Fournier dans son livre Rawdon : 175 ans d’histoire rapporte intégralement un document de l’arpenteur Joseph Bouchette qui nous renseigne sur Rawdon en 1832. Ce dernier le connaissait bien l’ayant décrit en 1815, arpenté en 1821 et recensé en en 1825. Il y mentionne qu’il existe une école publique au Village depuis quelques années…
Écoles de rang et écoles du village
On avait les écoles de rang dans la paroisse et les écoles au village. L’ambiguïté à désigner ces écoles vient du fait que les écoles de rang ont changé de numérotation après que les deux écoles catholiques du village ont cessé d’être désignées comme école # 1 et école # 2 mais plutôt comme école Saint-Louis (école de garçons) ouverte en 1866 et le Couvent Sainte-Anne (école de filles) ouvert en 1865.
Dans le livre, Les écoles de rang de Rawdon du Frère des Clercs de Saint-Viateur, Alban Beaudry, il est mentionné qu’en 1895, les écoles de rang étaient l’école de Kildare (Saints-Martyrs canadiens), l’école des Fourches du 2e rang, l’école de Beaulac (maison de ferme aménagée en école), l’école Morgan aussi appelée école Prud’homme (angle Morgan et Parkinson). Il y avait aussi une école protestante angle Chemin Morgan et Chemin Bélair qui était aussi fréquentée par les catholiques. Dans les années 1940, s’y est ajoutée l’école chez Misaël Neveu aussi appelée école Sainte-Thérèse située sur le chemin Saint-Alphonse qui a fermé ses portes en 1952. Résidence actuelle de Steven Neveu, l’arrière-petit-fils de Misaël neveu.
Au village, une école anglaise protestante avait été construite en 1840 à l’angle de la 3e avenue et de Metcalfe en remplacement d’une pièce dans une maison privée sur la rue Queen qui avait servi de salle de classe.
Ce retour sur l’histoire des premières écoles se veut un devoir de mémoire pour se rappeler la vaillance et la persévérance de nos ancêtres, des institutrices, instituteurs et autorités en place afin d’offrir aux premiers habitants de Rawdon l’accès à l’instruction dans sa langue et dans sa religion à ses tous premiers débuts d’existence.