Thème n°4 de l’exposition « La présence irlandaise à Rawdon d’hier à aujourd’hui », tenue au Centre d’interprétation multiethnique de Rawdon, les samedis et dimanches de 14 h à 16 h du 2 au 30 mars 2025 (à l’exception du 22). 

À partir de 1820, les familles pionnières qui obtiennent des billets de location empruntent des routes fraîchement débroussaillées. À titre d’exemple, les colons ouvrent un chemin près de la rivière Rouge et du moulin de Philemon Dugas, dans le rang 1.  La route dessert progressivement les lots plus au nord, situés dans les derniers rangs du canton.

Carte du Canton de Rawdon de l’arpenteur Joseph Bouchette, utilisée par William Holtby Jr., secrétaire-trésorier du Canton de Rawdon pour y enregistrer les propriétaires de lots vers 1845

Les familles irlandaises du nom de Burns, Brown, Corcoran, Eveleigh, Robinson, Scroggie et Smiley l’auraient empruntée pour s’établir dans leurs lots des rangs 3 à 9. L’ouverture de routes, l’arrivée de colons et le travail qui s’en suit seront essentiels à l’accroissement de la population et à l’établissement d’une communauté.

Le premier recensement de 1825, effectué par Philemon Dugas, révèle que près de 75 % des 475 habitants sont nés en Irlande.

La population du canton connaît une croissance rapide; elle augmente de 170 % entre 1825 et 1832, pour atteindre 1 309 habitants. En 1844, la population double encore pour atteindre 2 607 habitants. Cependant, après 1844, la population commence à diminuer en raison de l’émigration vers les États-Unis, le Haut-Canada et l’Ouest.

 

En 1825, un premier recensement, signé par Philemon Dugas, est déposé auprès de James Edmund Burton, un acteur central dans l’arrivée des premières familles irlandaises, écossaises et anglaises.

Le premier recensement rend compte aussi de l’apport de quelques familles américaines, anglaises, écossaises et canadiennes-françaises. C’est la naissance d’une communauté appelée à se diversifier, où catholiques et protestants s’investissent pour accueillir de nouveaux citoyens.

La colonisation du canton s’accompagne d’une croissance démographique fulgurante. La population augmente de 170% entre 1825 et le dépôt du deuxième recensement, en 1832. On y dénombre alors 1 309 habitants, dont plus de 55% sont protestants.

La croissance reste soutenue et le troisième recensement de 1844 illustre l’attrait continu pour Rawdon. La population a doublé depuis 1832 et atteint désormais 2 607 habitants. L’érection de la paroisse catholique, dans les années 1830, ainsi que la surpopulation des seigneuries voisines amènent de plus en plus de Canadiens français à vouloir s’y installer.

Le portrait démographique se transforme après 1844 : la population est à la baisse. Le cas n’est pas nécessairement unique à Rawdon. Au Québec, des centaines de milliers de Canadiens français quittent pour les États-Unis ou pour l’Ontario entre 1840 et 1914. Des familles d’origine britannique et irlandaise font de même, à la recherche d’emplois mieux rémunérés ou de nouvelles terres.

Les sols montagneux d’une partie du canton et le climat rigoureux sont néanmoins des désavantages propres au canton. Aussi, de nouveaux découpages municipaux, avec la création de Sainte-Julienne et de Saint-Liguori, amputent autant la partie ouest que la partie est du canton de Rawdon, à la hauteur des premiers rangs.

En 1901, on y recense 1 117 habitants, dont 49% se reconnaissent comme descendants irlandais. 

Plan du Village de Rawdon par James Dignan — novembre-décembre 1844

Malgré cette baisse, la diversité de la population s’accroît au 20e siècle avec l’arrivée d’immigrants de divers pays. Selon les données du gouvernement du Québec, en décembre 2024, Rawdon comptait une population de 12 722 habitants.

La parité entre catholiques et protestants se maintient durant une bonne partie du 19e siècle. Les catholiques forment la majorité de la population à partir de 1881 et cette réalité ne change guère par la suite.

Les Canadiens français y seront de plus en plus nombreux, quoiqu’ils ne comptent encore que pour 39% de la population en 1891.

Enfin, la population reprend une courbe ascendante au 20e siècle. Forte de sa diversité, de nombreux immigrants de la Pologne, de la Russie, de l’Ukraine, de la Hongrie, de l’Allemagne et de plusieurs autres pays choisissent Rawdon après 1900, donnant ainsi un cachet distinctif à la municipalité.

Rue Metcalfe à l’angle de la 1re avenue, à l’arrière-plan, vue des maisons et des églises.
Rue Albert derrière le Collège St-Anselme